Chronique

Des insectes dans votre potager

Quelle déception lorsque, après avoir dorloté vos beaux légumes du jardin pendant des semaines, vous réalisez que des petites bestioles y ont goûté avant vous.

Des insectes dans un jardin, il y en a beaucoup. Plusieurs sont inoffensifs pour vos cultures. Ils sont même souhaitables dans votre jardin pour la biodiversité qu’ils y apportent. D’autres pourraient toutefois vous causer quelques soucis.

3 Insectes à connaitre

Quand on parle d’insectes ravageurs, on a l’embarras du choix. J’aurais pu vous parler du doryphore de la pomme de terre, de la cécidomyie du chou-fleur ou encore de la pyrale du maïs. Mais j’ai arrêté mon choix sur trois insectes fréquents au Témiscamingue, qui attaquent des légumes couramment cultivés par les jardiniers, et qui font des dégâts considérables.

  1. L’Altise des crucifères (Phyllotreta cruciferae)

Particulièrement abondant pendant le printemps témiscamien, ce minuscule insecte s’activera surtout pendant les journées chaudes, sèches et ensoleillées. On peut le voir sauter partout au sol, mais surtout, partout sur vos brassicacées (Brassicaceae) tels que les radis, choux, brocolis, moutarde, etc.

Il fera des dégâts considérables sur le feuillage et pourrait même compromettre les cultures attaquées si sa population est assez importante.

  1. La Chrysomèle rayée du concombre (Acalymma vittatum)

Ce magnifique insecte jaune et noir n’est arrivé que récemment au Témiscamingue. Il fera ses dégâts principalement au printemps et au début de l’été. Il pourrait provoquer une baisse de productivité de vos cucurbitacées (Cucurbitaceae) telles que les concombres, courgettes, courges, citrouille, etc.

  1. La mouche de la carotte (Psila rosae)

Les larves de cette petite mouche creuseront avec appétit des petites crevasses dans le tiers inférieur de vos racines de carotte. Au Témiscamingue, les premiers dégâts commencent à apparaître généralement vers la mi-juillet. Et si quelques panais se trouvent sur leur chemin, il se pourrait qu’elles y goûtent également.

Comment limiter les dégâts?

À l’échelle de la ferme maraîchère biologique, la lutte aux ravageurs prend une tournure complexe.

Plusieurs approches sont utilisées, allant de l’installation de filet anti-insectes jusqu’à l’amélioration des écosystèmes pour maintenir des populations de prédateurs naturels près des cultures et en passant par l’implantation de plantes trappes.

Tout cela peut sembler étourdissant. Heureusement, il y a des petites astuces simples de prévention qui peuvent diminuer les dégâts causés par les ravageurs sans nuire à l’environnement.

La première question à se poser

« Puis-je contourner le problème? »

Si par exemple vous avez systématiquement des dégâts avec un certain légume, souhaitez-vous vraiment le cultiver dans votre jardin? Peut-être pourriez-vous acheter ce dernier chez votre maraîcher local, et profiter de l’espace libéré au jardin pour y cultiver autre chose?

Ou encore, si les dégâts de la mouche de la carotte apparaissent vers la mi-juillet, pourquoi ne pas choisir une variété de carottes très hâtive et tenter de la semer le plus tôt possible, pour la manger tôt au début de l’été alors qu’elle est encore petite?

S’initier aux rotations des cultures

Pour de multiples raisons, il est préférable de ne pas systématiquement positionner une même famille de plantes au même endroit du jardin chaque année.

Dans le cas des insectes, il est fréquent qu’un insecte hiberne à proximité de l’endroit où il a fait des ravages. Si l’année suivante vous replantez à cet endroit un légume intéressant le même insecte, il le trouvera facilement.

Équipez-vous de filets anti-insecte.

Ils ne sont pas réservés à l’usage unique des maraîchers. La majorité des jardineries en ont. Ils sont un outil simple et pratique. Il y a toutefois quelques considérations à prendre :

  • Le filet doit être maintenu par une structure pour ne pas nuire au feuillage des plants. Vous pouvez utiliser des arceaux en métal spécialement conçus pour cet usage, ou en construire une vous-même.
  • Le filet anti-insecte doit avoir des mailles très fines (plus petites qu’une moustiquaire).
  • À l’installation, assurez-vous que la jonction du filet avec le sol soit complètement hermétique. Vous pouvez utiliser des planches ou des sacs de sable de manière que chaque cm du filet soit bien scellé. Ou encore, vous pouvez enterrer légèrement les rebords du filet.
  • Si le filet est en place plusieurs semaines, la mauvaise herbe pourrait pousser au travers et abimer les mailles. Assurez-vous de désherber au besoin.
  • Si le filet est posé pour protéger des plants nécessitant une pollinisation, il faut s’assurer de le retirer pendant la période de floraison. À titre d’exemple, si vous protégez vos courges en début de saison contre la chrysomèle rayée, vous pouvez le retirer complètement dès l’apparition des premières fleurs. Il aura protégé votre plant pendant la période la plus critique. Par la suite il sera beaucoup plus simple de laisser les plants sans protection pour qu’ils prennent tout l’espace nécessaire à leur feuillage tout en laissant aux pollinisateurs un libre accès aux fleurs.

Il existe encore plusieurs méthodes de lutte contre les insectes nuisibles. Par exemple les ramasser à la main sur les feuilles de vos plants, installer des pièges ou encore avoir recours à un insecticide approuvé en régie biologique. Dans tous les cas, assurez-vous de comprendre pourquoi et comment vous appliquez vous solutions. Dans le doute, il est préférable de s’abstenir pour éviter des erreurs comme tuer des larves de coccinelles qui auraient été méprises pour des insectes nuisibles.

Enfin, pourquoi ne pas profiter de vos moments au jardin pour admirer ces insectes incroyables qui ont tous un précieux rôle à jouer.  Vous pourriez vous découvrir une nouvelle passion!

Madeleine Olivier

Madeleine Olivier

Chroniqueuse

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